lundi 25 mai 2020

Camélia Jordana : tellement facile de taper sur les flics

Camélia Jordana, vous connaissez ? Actrice et chanteuse, elle avait posé en Marianne, seins nus, pour L’Obs, en 2016. Au risque d’être taxé de sexisme, machisme ou autre « isme » frôlant la correctionnelle et autres fourches Caudines, il faut avouer que la photo n’était pas désagréable à voir. 
On imagine, d’ailleurs, que c’était le but recherché.
Sinon, fallait qu’elle mette un col roulé. Ce samedi soir, la dame née Aliouane, était donc de sortie pour la rentrée 
d’« On n’est pas couché », l’émission de Ruquier sur France 2, au sortir du confinement.

Et là, faut avouer, ce fut un véritable feu d’artifice.
Camélia Jordana n’y est pas allée avec le dos de la petite cuillère en argent qu’elle n’a peut-être pas reçue dans sa bouche à la naissance. 
Quoique. Fille d’un chef d’entreprise et d’une thérapeute en développement personnel, on imagine qu’elle n’a pas dû beaucoup pousser de wagonnets au fond d’une mine dans sa tendre enfance. D’autant qu’elle n’est âgée que de 27 ans. Invitée sur le plateau de Ruquier, à l’occasion de son nouveau disque, elle s’est retrouvée face à Philippe Besson, l’écrivain et ami d’Emmanuel Macron, à débattre sur la police et les violences qui lui sont régulièrement reprochées.
À l’évidence, nul n’était sans doute plus qualifié que Camélia Jordana pour discuter de ce sujet. On prend la conversation en route (l’avantage de ce genre de débat, c’est que, comme les séries américaines en 350 épisodes et 10 saisons, il n’y a pas besoin de revenir au tout début pour tout saisir) : 
« Je veux bien que vous contestiez les ordres d’un gouvernement qui demande de taper les manifestants, ça oui… », lui dit le macroniste. Ce n’est pas son sujet, à Camélia : « Je ne parle pas des manifestants. » Camélia, elle, « parle des hommes et des femmes qui vont travailler tous les matins en banlieue et qui se font massacrer pour nulle autre raison que leur couleur de peau ». La chose est incontestable. 
La preuve ? « C’est un fait », ajoute-t-elle. Si c’est un fait, alors… « Massacre » : « mise à mort de personnes sans défense », nous dit le dictionnaire. Carrément. Et massacré par qui ? Par les flics. L’actrice-chanteuse n’hésite pas à ajouter : 
« Il y a des milliers de personnes qui ne se sentent pas en sécurité face à un flic et j’en fais partie. 
J’ai les cheveux défrisés mais quand j’ai les cheveux frisés, je ne me sens pas en sécurité face à un flic en France. » 
Entre parenthèses, peut-on dire qu’il y a des milliers, voire des centaines de milliers de personnes dans ce pays qui ne se sentent pas en sécurité parce qu’ils n’ont pas les cheveux frisés et que les flics ne peuvent malheureusement pas être partout ? Fermons la parenthèse. Histoire d’enfoncer le clou, de convaincre l’auditoire et d’essayer de se convaincre elle-même, la dame Camélia martèle : « Vraiment. Vraiment. » 
Autrement dit, on ne va pas tourner autour du pot : la police est raciste, si l’on a bien compris les propos de cette artiste engagée.

Cette saillie, si l’on peut s’exprimer ainsi, concernant les propos d’une féministe de première bourre, n’est finalement que du bonheur. D’abord, pour Ruquier et son émission qui redémarre ainsi sur des chapeaux de roue. 
Pour Christophe Castaner, ensuite, qui peut s’offrir à bon compte une belle image de défenseur de l’ordre en tweetant : « Non madame, “les hommes et les femmes qui vont travailler tous les matins en banlieue” ne se font pas “massacrer pour nulle autre raison que leur couleur de peau”. Ces propos mensongers et honteux alimentent la haine & la violence. Ils appellent une condamnation sans réserve. » Qui ne pourrait, évidemment, applaudir à cette déclaration ? Que du bonheur, enfin, pour la donzelle qui s’est ainsi fait, à bon compte aussi, une publicité facile. « Facile », c’est d’ailleurs le nom de son dernier disque.

Georges Michel via Bld Voltaire

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