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LE FN, ÇA S’HÉRITE D’ABORD !

mercredi 30 juin 2010, par Pierre Picace

Au début du mois de juin, le Front national avait dans un communiqué dévoilé le calendrier du déroulement de la campagne destinée à élire le successeur de Jean-Marie Le Pen. Les candidats avaient jusqu’au 30 juin pour obtenir les parrainages nécessaires pour se présenter et la campagne devait officiellement démarrer le 1er septembre. Un code de "bonne conduite" avait même été édicté par Jean-Marie Le Pen le 2 mai dernier lors du dernier conseil national. [1]

Un calendrier et un code de bonne conduite qui n’auront tenu qu’un petit mois, puisque Jean-Marie Le Pen et sa fille viennent d’accélérer singulièrement le calendrier en accordant une interview à 2 voix au quotidien France-Soir dans laquelle ils "assassinent" avec une joyeuse perfidie Bruno Gollnisch.

Si, sans beaucoup de surprise Jean-Marie Le Pen déclare se ranger derrière "la niaque" de sa fille qualifiée pour l’occasion de "chance pour la France", celui-ci avait toujours jusque là pris le soin de préciser qu’il donnerait ses préférence en temps utile. Cette interview qui tombe alors que le Front national vient tout juste d’officialiser les candidatures de Marine Le Pen et de Bruno Gollnisch, chacun d’eux ayant obtenu les parrainages nécessaires sonne comme le début des hostilités bien avant la date d’ouverture de la chasse. France-Soir émet deux hypothèses à "ces confidences" qualifiées de "surprenantes" par le quotidien. "Soit les jeux sont faits, et les Le Pen considèrent que, maintenant, on passe aux choses sérieuses : le FN, c’est Le Pen, et la récréation, c’est fini.

Seul Gollnisch ne l’aurait pas encore compris. Soit –autre hypothèse – Marine est moins assurée qu’elle ne le dit du vote des militants et, avec l’appui de son père, la voilà qui joue donc la « carte famille ». Qui ressemble de près à une carte « propriété privée »."
La seconde semble être la plus vraisemblable si l’on en juge par les discussions souvent houleuses des militants sur les forums internet. Second point en faveur de cette interprétation la mise en place, alors que jusqu’à peu elle n’en voulait pas, d’un comité de soutien à sa candidature avec pour président Alain Jamet, proche de Jean-Marie Le Pen et personnalité historique du FN. Si l’on ajoute la nomination de l’ancien directeur de campagne de Bruno Gollnisch aux élections européennes et régionales au poste de directeur de sa campagne on peut légitimement penser que la messe n’est pas encore dite et que tous les adhérents "à l’ancienne" n’ont pas cédé au "vu à la télévision".
Maintenant que la campagne est lancée, reste à connaître la réaction de Bruno Gollnisch à cet entretien dans lequel il est tout de même accusé de pactiser avec les "ennemis" du FN. Contacté par l’AFP celui-ci a promis de "réagir à tout cela, mais pas à chaud", histoire de laisser "mariner" les journalistes…et les Le Pen…



[1] A l’occasion du Conseil National du Front National qui s’est tenu au siège du FN le 2 mai, Jean-Marie Le Pen a précisé l’attitude à adopter lors de la campagne interne en vue de l’élection du prochain président du Front National, lors du Congrès qui se tiendra à Tours les 15 et 16 janvier 2011. Le Front National vivra les 15 et 16 janvier 2011 un évènement historique, puisque lors de ce XIVe Congrès, pour la première fois depuis la création du Front National en 1972, un nouveau Président sera désigné par l’ensemble des adhérents. Aujourd’hui, il y a déjà 2 candidats déclarés : Marine Le Pen et Bruno Gollnisch. Il y en aura peut être d’autres, pour cela il faut qu’ils réunissent chacun au moins 20 signatures de Secrétaire départemental. Jusqu’alors, et je souhaite ardemment que cela se poursuive, Marine comme Bruno ont eu un comportement exemplaire, vantant bien sûr leurs mérites respectifs, mais refusant pour se mettre en valeur de dénigrer l’autre candidat. Je vous demande à tous, élus au Comité central ou Conseillers régionaux, mais peut être plus encore les Secrétaires départementaux, de suivre leur exemple et de l’imposer à ceux qui sont sous votre subordination, adhérents et militants de vos départements. Je vous demande de bien prendre conscience que le soir même du 16 janvier, les partisans de l’un ou de l’autre devront de nouveau travailler ensemble. Face aux partis du Système qui possèdent des moyens sans aucune comparaison aux nôtres, nous ne posséderons jamais assez d’intelligences et de bonnes volontés pour nous permettre d’en perdre à cause de prises de positions outrancières ou définitives. Ceci vaut pour tous les membres du Front National. Nos idées, nos militants, nos adhérents, nos électeurs ont déjà trop souffert des divisions internes et des ambitions purement personnelles, que ce soit la trahison mégrétiste ou celle plus récente de Carl Lang et de ses amis. D’ailleurs, sachez à ce propos que je m’opposerai fermement à ce que tout élu ou cadre ayant trahi le Front National soit réintégré, particulièrement ceux qui ont été rétribués généreusement grâce aux sièges que le FN leur a confiés en interne ou dans les divers hémicycles européens, nationaux ou régionaux. Il en va de même pour tous ceux qui ont intégré des listes se présentant contre nous, aux élections européennes 2009 ou aux régionales dernières. Ces opérations de nuisance électorale, favorisées par l’UMP, nous ont couté, par exemple, un poste de Député européen dans le sud-ouest, au détriment de Louis Aliot. Je pense aussi à la liste prétendument chrétienne d’Ile-de-France sans laquelle la liste de Marie-Christine Arnautu aurait obtenu des élus au Conseil régional d’Ile-de-France. Dans ces conditions, la réintégration ou la venue de ces individus au sein du Front National, est absolument hors de question. Pour en revenir à l’attitude que je vous demande de respecter jusqu’à la date du Congrès, n’oubliez jamais que les points de divergence entre nos candidats restent moins importants que ce qui les rassemble ; de plus, il est évident que la presse s’emparerait de nos querelles internes pour les attiser. Laissons les « gue-guerres » stériles au Parti socialiste, nous valons mieux qu’eux… Ce Congrès doit être une grande réussite : je vous invite ainsi tous à vous présenter ou à vous représenter pour l’élection du Comité central et à inciter tous les adhérents qui remplissent les conditions d’en faire autant.