samedi 16 avril 2016

UN POILU SUR FACEBOOK








Roubaix: Noël Mercier, poilu de la Grande Guerre, donne des nouvelles du front sur Facebook



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Noël Mercier est un jeune Roubaisien disparu au front, durant la Première Guerre mondiale. Cent ans plus tard, son petit-neveu, le Pérenchinois Vincent Caby, lui a redonné vie en lui créant un compte sur le réseau social Facebook. Avec un siècle de décalage jour pour jour, il publie la correspondance de son aïeu





Vincent Caby montre le livret de famille des parents de son grand-oncle Noël Mercier, dont on aperçoit le portrait à l’arrière-plan, à gauche.


Noël Mercier a beau n’avoir plus donné signe de vie depuis le 4 septembre 1916, il a quand même son compte Facebook Noël Mercier"97ièmeRI"14/18.

Grâce à son petit-neveu, Vincent Caby, il donne régulièrement des nouvelles du front, avec un siècle de décalage. Noël est un Roubaisien de la classe 1914, mobilisé dès le début du conflit.
Habitant rue de Flandre et étant employé de tissage, selon son livret militaire, il est l’aîné d’une fratrie de cinq enfants, dont Germaine, la grand-mère de Vincent, fut la benjamine. «  Elle avait 2 ans lorsque son frère est parti à la guerre, explique le petit-fils. Le seul souvenir qu’elle gardait de lui était celui de son départ.  »

Elle a aussi conservé toute sa vie, telles des reliques, deux portraits de Noël en uniforme de soldat, le livret de famille, les papiers militaires et la correspondance du jeune soldat. Noël ayant littéralement disparu durant une offensive à Barleux, sur le front de la Somme, sa famille n’a jamais fait son deuil. «  Jusqu’à son décès, sa mère a toujours mis une assiette à table pour lui. Elle pensait qu’il allait revenir.  » Et Germaine a toujours achevé en pleurant les évocations de ce «  frère que je n’ai jamais connu  », disait-elle.



Des lettres dans deux cahiers



Vincent se souvient aussi que sa grand-mère lui montrait les lettres que le soldat écrivait du front à sa mère, à son curé, et celles qu’il recevait de ce même abbé ou de son «  frère de cœur  » Pierre Masurel, compagnon de patronage à Roubaix également mobilisé.
Le petit-fils a hérité de cette correspondance rangée dans deux cahiers, et des autres papiers de son grand-oncle. À l’occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale, il a décidé de publier ces documents et de faire revivre son aïeul. «  J’ai commencé le jour de sa première lettre et je poste les autres jours après jour, 100 ans après  », explique ce descendant de Roubaisiens, installé à Pérenchies. «  Je fais ça en souvenir de ma grand-mère, de ce qu’elle me racontait  », confie-t-il.



Piqué au jeu, Vincent Caby a poussé ses recherches.
Il a retrouvé l’historique du régiment auquel appartenait Noël, le 97e  RI, et a ainsi pu reconstituer le parcours de son grand-oncle.
Il a également rencontré la famille du sous-lieutenant Gabriel Courbis, disparu en même temps que son ami, le soldat deuxième classe Mercier. «  Ses affaires ont été retrouvées.
Dedans, il y en avait quelques-unes de mon grand-oncle qui ont été remises à mon arrière-grand-père, dont sa plaque militaire et une enveloppe avec l’adresse de mes arrière-grands-parents.  »



Père et fils se retrouvent en cantonnement



Sur les courriers de Noël Mercier, on reconnaît, tracée à la mine de carbone sur le papier jauni, une belle écriture acquise à l’école de la Troisième République.
Même lorsqu’il est en première ligne, même lorsqu’il ne dispose que d’un petit bout de papier, son écriture est claire et régulière.
Sur la lettre écrite le 14 mars 1915 et postée sur Facebook par son petit-neveu le 14 mars 2015, une seconde écriture s’ajoute en post-scriptum.


 


C’est Hector Mercier qui donne de ses nouvelles sur le courrier que Noël adresse à leur curé, l’abbé Debussche. Le père, qui vient d’être délivré de ses obligations militaires, et le fils mobilisé se sont ainsi retrouvés en cantonnement à Bois-le-Roi (Eure), à une quinzaine de kilomètres de Dreux (Eure-et-Loir).
Ils resteront ensemble quelques mois au moins, une lettre de Noël à sa mère l’atteste en août 1915.
Après la guerre, c’est Hector qui cherchera à reconstituer les derniers instants de son fils.
Il retrouvera le père de son sous-lieutenant disparu en même temps que lui et récupérera ainsi quelques effets de Noël.
Il survivra à son fils plus de 20 ans, le livret de famille précisant sa date de décès, en 1938


Source : Nord Eclair Roubaix

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