mardi 20 février 2018

CRISE AU FN


La lettre de Jean-Marie Le Pen à sa fille : quel avenir pour le FN ? 


Ça tangue, au Front national, hier premier parti de France et désormais en proie à une querelle d’héritage presque aussi médiatisée que celle de la famille Hallyday.

À quelques semaines du congrès de Lille, à l’occasion duquel Marine Le Pen entend que sa formation fasse peau neuve, c’est son père qui se rappelle à son bon souvenir par le biais d’une lettre ouverte mise en ligne sur son blog.

Il n’écrit pas à « Madame la Présidente » mais à « Marine » ; ne signe pas « Jean-Marie Le Pen, président d’honneur du Front national » mais « Ton père ».

Atmosphère. Il y expose ses griefs tout en appelant à la réconciliation, avant de conclure : « Je te propose de nous retrouver dans les prochains jours pour fixer ensemble une position commune, où tu veux, seuls ou avec des amis.
C’est une main que je te tends. Je t’adjure de ne pas la rejeter.
Depuis toujours, la mouvance nationaliste française est coutumière des ruptures fracassantes et des réconciliations tapageuses ; l’esprit gaulois, sans doute.

Jean-Marie Le Pen peut-il véritablement renouer avec sa cadette ? Il l’avait, certes, fait avec Bruno Mégret, peu de temps avant l’élection présidentielle de 2007, mais les liens entre les deux protagonistes n’étaient pas de même nature.
Le putsch mégretiste n’était pas le parricide mariniste.
En 2007, Bruno Mégret avait tout à gagner en acceptant la main tendue. 
Là, Marine Le Pen a, de son point de vue, beaucoup à perdre en faisant de même, tant il est vrai qu’en renouant avec son père, ça en serait la fin de son entreprise de « dédiabolisation ».
On peut, d’ailleurs, douter du bien-fondé de cette dernière : si elle veut « dédiaboliser » le Front national, cela signifie qu’elle le tenait naguère pour « diabolique », alors qu’elle fut à de nombreuses reprises élue sous ses couleurs.

Le problème de Jean-Marie Le Pen ? S’être retiré de la présidence du Front sans laisser sa fille le présider tout à fait. Ne pas avoir compris que l’entretien accordé à Rivarol obligeait sa fille à choisir entre lui et la nouvelle direction frontiste.
Ce que Marine Le Pen n’a pas compris ? C’est que seul le succès peut faire pardonner la forfaiture. Tuer le père ? Fort bien. À condition que l’assassinat soit expédié dans la journée, comme Brutus avec César, alors que la chose dure maintenant depuis des années. Comme si elle avait voulu le tuer sans vraiment le tuer. Comme si les deux s’étaient mis tout seuls dans une situation infernale.


Avec ses comités Jeanne, le père espérait incarner une alternative, une sorte de Front national canal historique.

En vain. Le néo-FN de la fille, malgré son indéniable succès au premier tour de la présidentielle de 2017, se porte-t-il mieux ? Rien n’est moins sûr.
Elle tenait la barre d’un assez beau trimaran, avec un flotteur droit (Marion Maréchal-Le Pen) et un flotteur gauche (Florian Philippot).
La première a quitté la vie politique et le second a fait sécession. Pour quelqu’un qui souhaitait rassembler les patriotes de tous bords, voilà qui a de quoi laisser dubitatif.
Bref, Marine Le Pen n’a plus guère le choix qu’entre de mauvaises solutions. Faire revenir son père ? Tout ça pour ça ? Continuer de l’ignorer ? Mais à quoi sa mise à l’écart aura-t-elle servi, puisqu’elle n’en a manifestement guère tiré de bénéfices ?

Pour tout arranger, la dynamique impulsée par Laurent Wauquiez n’est pas que seul rideau de fumée.
Lassés par ce énième épisode du feuilleton familial, les électeurs lepénistes pourraient bien être tentés, un jour ou l’autre, d’apporter leur suffrage au nouveau patron des Républicains, dont beaucoup estiment, à tort ou à raison, qu’il porte grosso modo les mêmes idées que le Front national.
Le fait que Marine Le Pen hésite à mener le combat aux prochaines élections européennes tout en s’interrogeant sur l’opportunité d’une troisième candidature à l’élection présidentielle de 2022 n’a rien qui puisse les rassurer.

Chez les Le Pen, on a coutume d’assurer que l’avenir commence toujours demain.
Certes, mais le déclin peut aussi débuter aujourd’hui

Source : Bld Voltaire

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