mercredi 29 juillet 2015

.LES VACANCES DU ROI SALMANE D' ARABIE !!


  Indécence et soumission



On peut être flatté qu’un chef d’État étranger choisisse la France comme villégiature. À condition cependant qu’il garde une certaine retenue, dans laquelle se reconnaît la grandeur authentique.

 

Les rois, comme tout un chacun, ont le droit de prendre des vacances.
On peut être flatté qu’un chef d’État étranger choisisse la France comme villégiature.
À condition cependant qu’il garde une certaine retenue, dans laquelle se reconnaît la grandeur authentique.

Le roi d’Arabie saoudite est arrivé à Nice, le samedi 25 juillet, avec sa suite d’un millier de personnes : c’est la cour entière qui se déplace.
Il séjourne avec ses proches dans sa résidence de Vallauris Golfe-Juan, une immense et somptueuse propriété acquise par la famille royale en 1979, tandis que sa délégation occupe de simples palaces à Cannes et Antibes.
 
La plage voisine a été privatisée, pour qu’il ne soit pas au contact du vulgum pecus, des installations entreprises afin que cette grande famille se sente bien chez elle, la navigation interdite.
 
Une pétition, protestant contre ces passe-droits et la privatisation d’un domaine public, a recueilli à ce jour plus de 140.000 signatures.
Bagatelle ! Les volontés du roi Salmane ne doivent pas souffrir de contrariété.

On peut légitimement s’offusquer de cette insolence de luxe. Un grand monarque aurait sans nul doute trouvé quelque agrément à plus de discrétion : notre souverain se présente en conquérant et juge naturel que lui soit cédée une partie du territoire français.
Ne chicanons pas sur les frais de sécurité qu’un tel séjour entraîne, ils ne sont qu’un cadeau de bienvenue ; du reste, les commerçants se réjouissent de l’aubaine.
Mais le plus révoltant, dans cette affaire, c’est la manière dont les autorités françaises sont aux petits soins pour les dirigeants d’Arabie saoudite.
 
Elles qui sont si pointilleuses pour défendre les valeurs républicaines et les droits de l’homme, elles qui n’ont que le mot d’égalité à la bouche acceptent dans cette circonstance de déroger à ces principes, apparemment sans scrupules, comme si elles se sentaient redevables.
 
Et de quoi donc ? En fait, de gros intérêts
économiques sont en jeu : ce n’est pas le moment de contrarier un riche acheteur et cela vaut bien quelques renoncements.

Que l’Arabie saoudite ait une attitude pour le moins ambiguë à l’égard du terrorisme, nos gouvernants n’en ont cure.
Qu’elle ait une conception de la liberté de pensée, d’opinion, d’expression et de religion très particulière, qu’elle traite les femmes comme un sexe inférieur, nulle importance (selon Marianne, un émissaire du roi aurait même prié une femme CRS de s’éloigner de la plage – et des hommes en maillot de bain !).
L’Arabie saoudite possède le passeport universel : l’argent – et l’argent n’a pas d’odeur.
Une vingtaine de contrats économiques, portant sur plusieurs dizaines de milliards d’euros, sont en cours de discussion entre Paris et Riyad et devraient être annoncés à l’occasion du forum d’affaires franco-saoudien qui se tiendra en octobre à Riyad.
Alors, il serait déplacé de se poser quelque cas de conscience. Bien plus : nos vertueux experts en casuistique, et donc en hypocrisie, expliqueront que tout cela est bon pour la croissance et pour l’emploi. La manne des Saoudiens leur donne l’absolution.

L’indécent, dans cette histoire, c’est la promptitude de nos gouvernants à violer les valeurs qu’ils prétendent défendre pour idolâtrer le Veau d’or.
Ils sont forts en gueule et prêchent la morale, mais leur aptitude à se coucher devant les puissants, leur penchant à la soumission sont immodérés.

Jean-Michel Léost via Bld Voltaire

 

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