La présidente du FN n'ira pas manifester
le 13 janvier de peur de sembler à la remorque de l'UMP. Mais pas seulement...
Marine Le Pen rappelle de façon très
ferme son "opposition au mariage, à l'adoption et à la procréation
médicalement assistée" qui sont des "revendications
ultra-minoritaires". © AFP
Après de nombreuses tergiversations, la présidente du FN, Marine Le Pen, a
tranché : elle ne participera pas à la manifestation du 13 janvier contre le
mariage et l'adoption pour les couples gay. Il n'est pas question de participer
"à ce qui est devenu une grossière tentative de récupération politicienne
et d'enfumage sociétal de la part de l'UMP et du PS", explique-t-elle
vendredi dans un communiqué, affirmant que cette manoeuvre était avant tout
"destinée à détourner l'attention des Français des questions
urgentes".
Néanmoins, Marine Le Pen assure de son soutien tous les élus et les
adhérents du FN qui souhaitent se joindre au cortège parisien le 13 janvier.
Dans ce communiqué, la présidente du FN rappelle de façon très ferme son
"opposition au mariage, à l'adoption et à la procréation médicalement
assistée" qui sont des "revendications ultra-minoritaires". Florian Phillipot vice-président du parti chargé de la stratégie, a lui aussi
annoncé qu'il ne battrait pas le pavé le 13 janvier. En revanche, d'autres
dirigeants frontistes y seront, comme Louis Aliot, Marie-Christine Arnautu ou
Bruno Gollnisch.
Le communiqué envoyé par Marine Le Pen fait donc habilement la synthèse
entre les deux lignes qui se sont affrontées au sein de la direction du Front
national. D'un côté, ceux qui - à l'instar de Florian Philippot - jugent que le
FN n'a pas intérêt à s'engager fortement contre le mariage homosexuel et à
sembler à la remorque de l'UMP qui s'est déjà emparée de ce débat. Selon eux,
la présidente du FN - qui a fait campagne en 2012 sur le "ni droite ni
gauche" - doit faire attention à ne pas se couper de ses électeurs issus
de la gauche. De l'autre côté, il y a un Jean-Marie Le Pen - président
d'honneur du parti - ou un Louis Aliot qui jugent que le FN devait soutenir la
manifestation du 13 janvier. "La question du mariage homo est capitale
pour notre société. En plus, la manif du 13 janvier sera une manifestation
anti-Hollande. Il faut qu'on y soit", explique-t-on.
"Il y a autour de cette table beaucoup d'homosexuels"
À l'origine, la
question de la participation du FN à la manifestation devait être tranchée ce
lundi lors de la réunion du bureau exécutif, puis du bureau national du parti.
Finalement, Marine Le Pen a préféré annoncer sa position plus tôt que prévu, histoire
de dépassionner un débat qui avait pris beaucoup d'ampleur ces dernières
semaines. Sur le terrain, nombreux sont les cadres et les adhérents FN qui
regrettaient l'embarras et la tiédeur de Marine Le Pen sur ce sujet de société.
"La défense des valeurs traditionnelles est l'une des préoccupations
majeures des électeurs du FN. En politique n'existe que ce qui paraît. Que
penseront les électeurs si le FN se prononce contre le mariage homo et qu'il
est en retrait sur le sujet ?" alertait un cadre. Ces derniers jours, des
centaines et des centaines de mails d'adhérents étaient arrivés au siège du
parti faisant état de leur incompréhension. "Marine Le Pen a reçu des
mails d'adhérents non militants qui pensaient qu'elle était pour le mariage
homo. Elle a donc clarifié les choses. C'est très bien", se félicite un
dirigeant du FN.
Lors de leur bureau
politique de lundi, les membres du FN échapperont donc à un nouveau psychodrame
sur la question de la mobilisation contre le mariage homosexuel. De quoi en
soulager plus d'un. Fin décembre, Bruno Gollnisch avait plombé l'ambiance en
lançant une petite bombe en prélude de son intervention : "Il y a autour
de cette table beaucoup d'homosexuels. Ces choix relèvent de la vie privée et
de la conscience de chacun, mais ne doivent pas influer sur la position du
Front national." Outrées, deux personnes avaient quitté la pièce. Cette
scène a levé le voile sur l'homosexualité de proches de la présidente du FN
Marine Le Pen qui pose, selon certains cadres, des questions politiques.
"S'il y a eu des réticences à prendre une position claire au sujet du
mariage homo, c'est également à cause d'eux", juge un dirigeant sous le
couvert de l'anonymat. Marine Le Pen a encore du travail pour mettre un peu de
cohésion au sein de son équipe
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