mercredi 22 juin 2011

Présidentielle 2012 : après Zemmour, Ménard, vers la sur-normalisation des médias




Les médias français sont hyper politiquement corrects. Mais sous la pression de la concurrence d’Internet, certains journalistes avaient su prendre une certaine liberté de ton : Eric Zemmour, Eric Naulleau, Elisabeth Lévy, Robert Ménard ou Frédéric Taddéi. Leur épuration est en cours. Parce que le politiquement correct ne peut pas affronter un débat à la loyale. Parce que le Système repose sur la scénarisation d’affrontements fictifs. Parce que Nicolas Sarkozy et l’UMP ont électoralement intérêt à être opposés à des journalistes politiquement corrects. Explications.
Médias de marché ? Non médias d’influence !
Les épurés – ou ceux dont les dirigeants de l’audiovisuel réduisent la surface médiatique – ont un point commun : ils font de l’audience. A ce titre, ils se croyaient protégés par leur succès. A tort. Les médias ne sont pas financés par leurs spectateurs et leurs auditeurs. Le rôle des médias n’est pas d’informer mais d’influencer commercialement ou politiquement par la publicité et la « communication ». Patrick Le Lay avait résumé cette mission d’une formule choc : « le rôle de TF1 est de vendre du temps de cerveau humain disponible à Coca-Cola. »
Dans cette logique, il ne s’agit pas de faire réfléchir les gens mais de les endormir. Ruquier (« On n’est pas couché ») reprochait souvent à Zemmour et Naulleau leur excès de critique avec cette formule : « ce n’est pas bon pour la promotion ». La promotion de spectacles ou de livres politiquement corrects.
Le politiquement correct ne peut survivre que dans le déni de débat
La tâche des défenseurs du politiquement correct est immense : il leur faut faire croire que l’immigration est une chance pour les Français, le libre échange mondial un bienfait pour l’emploi, et le mariage gay une avancée naturelle. Or la meilleure manière d’imposer le déni de réalité, c’est le déni de débat.
De ce point de vue, les épurés sont quadruplement dangereux :
- ils montrent qu’un autre discours que le discours officiel est possible ;
- ils surclassent par la qualité de leurs arguments et leur vivacité d’esprit leurs adversaires ;
- ils sont une menace pour les petites cylindrées intellectuelles, type Jean-Michel Aphatie ou Alain Duhamel ;
- et surtout ils risquaient de faire école.
L’épuration en cours sonne donc comme un rappel à l’ordre des journalistes. C’est ce qu’on appelait à l’époque soviétique une reglaciation.
Le Système repose sur la scénarisation d’affrontements fictifs
En Occident le système mondialiste repose sur la mise en concurrence d’équipes politique défendant des projets quasi similaires. Ces oppositions sont scénarisées. Il faut faire croire aux citoyens que remplacer l’équipe A par l’équipe B, en attendant de remplacer l’équipe B par l’équipe A changera quelque chose. Les médias ont pour fonction d’intéresser les électeurs. Avant d’être un événement politique, l’élection présidentielle est un spectacle.
Le rôle des médias est de façonner l’affrontement entre les candidats susceptibles d’être élus au regard des exigences du système dominant : DSK versus Sarkozy, ou Sarkozy versus Aubry ou Hollande.
Ce ne sont pas les électeurs qui ont le droit de décider qui peut être président de la République. Ce sont d’abord les médias. Et derrière eux les puissances d’argent qui les contrôlent : la finance, les banques et l’industrie du luxe.
Paradoxalement Sarkozy et l’UMP ont besoin de journalistes politiquement corrects
Il peut paraître paradoxal qu’alors que Nicolas Sarkozy s’apprête à faire une campagne électorale axée à « droite », les journalistes les moins politiquement corrects soit épurés. Mais ces journalistes sont épurés précisément parce qu’ils montraient les faux semblants de l’opposition entre l’UMP et le PS. Et que pour l’UMP et Sarkozy la meilleure manière de passer pour « à droite » c’est d’être interrogé par des journalistes politiquement corrects et si possibles de gauche. Car ceux-ci s’intéresseront à leurs déclarations, non à leurs actes. Ils les critiqueront du point de vue politiquement correct, non du point de vue populiste. Ils rentreront donc parfaitement dans le plan com’ sarkozyste. Ce n’est pas hasard, si Ivan Rioufol est jusqu’ici épargné : lui prend au premier degré les affrontements virtuels entre l’UMP et le PS.
Une présidentielle aseptisée ?
Les télévisions s’apprêtent à organiser des débats convenus présentés par des personnalités appropriées : Alain Duhamel, Yves Calvi ou Laurence Ferrari. Les radios se mettront au diapason.
Reste à savoir quel rôle jouera Internet dans la bataille


Source : PDF87

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