Anne-Isabelle Tollet, grand reporter pour la télévision française, a recueilli le témoignage d’Asia Bibi, cette jeune mère condamnée à mort pour blasphème contre l’islam. Elle déclare à Famille chrétienne :
"La situation de la famille d’Asia est très difficile : son mari Ashiq a dû quitter son travail. Sans ressources, lui et ses quatre enfants se cachent chez des amis, et vont de maison en maison. Le gouvernement s’étant rétracté sur sa promesse de réformer la loi sur le blasphème Asia, son avocat et sa famille ont conclu que la situation, bloquée, ne pouvait être pire. Ils ont donné leur accord pour un livre. Asia touche des droits d’auteur qui vont lui permettre de prendre des avocats plus solides et de louer une maison où abriter son mari et ses enfants. Ashiq a servi d’intermédiaire pour écrire le livre. Je lui posais les questions, qu’il transmettait à Asia lorsqu’il allait la voir en prison. Comme il ne sait pas écrire, je l’attendais à la sortie pour qu’il me rapporte avec le plus de précision possible les réponses de sa femme.
[...] Philippe Robinet et moi espérons que la communauté internationale exercera une pression pour libérer Asia. Ce livre – qui sortira dans quelques jours en allemand et en italien, et courant 2011 en anglais – est sa dernière chance, mais il n’est qu’une première étape. Ashiq est venu en France fin mai. Il a été reçu par les autorités musulmanes et catholiques, et par le Quai d’Orsay, qui a exprimé son soutien à la famille. C’est déjà un sacré engagement ! Nous rencontrons un conseiller de Nicolas Sarkozy vendredi. Nous voudrions qu’il ait une entrevue avec la famille d’Asia Bibi et qu’il téléphone au président pakistanais. Un petit coup de fil, ce n’est pas grand-chose ! Dans un deuxième temps, si nous parvenons à faire libérer Asia, il faudra réussir à la faire sortir rapidement du Pakistan, où elle risque d’être assassinée par des fondamentalistes, et trouver un pays qui lui offre l’asile politique. [...]
La pression internationale peut-elle vraiment faire changer les choses ?
Cela me paraît possible, car le Pakistan est très attaché à l’image qu’il renvoie. Il pourrait faire un geste. Car s’il entérine la condamnation, il risque de passer une nouvelle fois pour un pays barbare. Il ne peut pas non plus s’isoler diplomatiquement ou économiquement. [...]
Cela me paraît possible, car le Pakistan est très attaché à l’image qu’il renvoie. Il pourrait faire un geste. Car s’il entérine la condamnation, il risque de passer une nouvelle fois pour un pays barbare. Il ne peut pas non plus s’isoler diplomatiquement ou économiquement. [...]
[Asia Bibi] est recluse dans une cellule microscopique, sans fenêtre, dont elle touche les murs de ses deux bras. Elle s’ankylose, car elle n’a pas le droit de se promener, une mesure destinée à la protéger. Sa cellule est infestée de moustiques. Un trou au sol lui sert de sanitaires. Quand il ne pleut pas dans sa cellule, la température y est proche de celle d’un four… Les deux personnes habilitées à lui rendre visite, son mari et son avocat, ne la voient qu’à travers une grille au maillage très serré. [...] Son mari lui rend visite deux fois par semaine.
Elle est très inquiète pour ses enfants, mais elle tient pour eux, et parce qu’elle est très croyante. Elle prie énormément et garde confiance. Elle espère que Dieu va la libérer. Elle dit que cette épreuve a renforcé sa foi."
Source : Michel Janva - Le Salon Beige
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