jeudi 21 avril 2011

Au FN, Marine Le Pen liquide les derniers proches de Gollnisch




La présidente frontiste expulse un à un les gollnischiens, notamment dans la fédération Rhône-Alpes, acquise à son ancien rival.




A Nanterre, une commission des conflits se réunissait ainsi lundi pour juger une vingtaine de militants, parmi lesquels bon nombre de soutiens de Bruno Gollnisch.


« A travers notre éviction, c'est Gollnisch qui est visé »
Soutien actif de Gollnisch lors de la primaire interne du parti, Alexandre Gabriac a écopé d'un « blâme » de la part de la commission consultative. Marine Le Pen a immédiatement saisi l'occasion pour « prononcer son exclusion » comme le rapporte, au téléphone le sécrétaire général du Front national
Steeve Briois.

Une décision qui a grandement surpris Bruno Gollnisch. Interrogé par l'AFP, l'ancien rival de Marine Le Pen a déclaré :

« Je suis extrêmement étonné que la présidente ait pu prendre cette décision alors qu'elle se trouve à 10 000 km de là, en vacances en Thaïlande, et qu'elle n'a donc pas pu prendre connaissance des travaux de la commission des conflits. »
Pour Jérôme Bourbon, directeur de publication à
Rivarol, l'hebdomadaire d'extrême droite : « Gabriac n'est qu'un prétexte, Il y a une volonté évidente de la part de Marine Le Pen de reprendre la main sur la fédération Rhône-Alpes acquise à Bruno Gollnisch. »
Le cas Gabriac n'est pas isolé. Steeve Briois nous a confirmé que Jean-Loup de Lacheisserie et Olivier Wyssa », deux militants historiques proches de Gollnisch, « allaient également être exclus ». Ancien secrétaire départemental du FN dans l'Ain, Olivier Wyssa dénonce une « une véritable purge ». Accusé de « sabotage » par la direction du Front pour avoir démissionné de sa liste aux élections cantonales quelques jours avant le début des élections, il estime aujourd'hui ne plus se reconnaître dans les « orientations très républicaines et laïcistes » de Marine Le Pen.


Figure historique de l'extrême droite lyonnaise, Jean-Loup de Lacheisserie, militant depuis 1985, partage le même constat : « Marine Le Pen veut éliminer tout le monde et ne souhaite plus avoir de catholiques traditionalistes et de pétainistes. Manque de bol, je me retrouve dans les deux cas. »


Pour ce vieux militant ça ne fait aucun doute : « A travers nous, c'est Bruno Gollnisch qui est visé. »


Les militants de l'Œuvre française bientôt exclus
Marine Le Pen ne compte pas s'arrêter là. Depuis plusieurs semaines,
elle dénonce « l'entrisme d'un certain nombre de groupuscules, dont l'Œuvre française ».
Un argument déjà employé lors de la campagne interne lorsque plusieurs barons de l'extrême droite historique, dont le fondateur de l'Œuvre,
Pierre Sidos, avaient pris fait et cause pour Bruno Gollnisch.

Sur la même ligne que la présidente du FN, Steeve Briois considère lui aussi qu » il y a une « volonté d'entrisme qui s'exprime au niveau local, notamment à Lyon avec l'Œuvre française ». Il affirme que tous ceux qui, à l'instar d'Alexandre Gabriac, auraient la double appartenance (FN et Œuvre), seront prochainement exclus.


Une nouveauté, puisque si les règles du FN interdisent la double appartenance à deux partis politiques, dans les faits, « elle était tolérée lorsqu'il s'agissait d'organisations politiques qui n'avaient pas de vocation électorale », comme l'explique
Carl Lang, ancien secrétaire général du FN ayant quitté le parti en 2008.

Un avis que partage Lorrain de Saint-Affrique, ancien conseiller en communication de Jean-Marie Le Pen entre 1984 et 1994, ayant rompu avec l'extrême droite :
« Le Pen a toujours été méfiant vis-à-vis de ce qui se développait à sa droite mais il les acceptait car il les considérait comme une sorte de troupe de réserve en cas de crise. Puisqu'à partir de 1988, il craignait que le FN finisse par être interdit. »
Lyon, bastion de l'extrême droite historique


Selon le politologue Erwan Lecœur, c'est la culture des cercles politiques de Lyon qui a favorisé l'essor de l'extrême droite historique dans la région.
On y retrouve les « intellectuels » de l'extrême droite universitaire (à Lyon-III, notamment), les néo-païens (Terre et Peuple) et de nombreux cadres de l'Œuvre française.

Si Pierre Sidos est une figure historique importante de l'extrême droite française, notamment pour avoir fondé
Jeune Nation et Occident, l'Œuvre française, dont il est le « présideur à vie »,
n'est plus qu'un club pétainiste sans aucune ambition électorale.
Joint par téléphone, un permanencier de ce groupuscule a réagi en indiquant que « Marine Le Pen se créé des adversaires politiques pour justifier certaines positions politiques ».

Un sentiment que partage Jérôme Bourbon de Rivarol :
« Il ne fait aucun doute que l'Œuvre française sert de bouc émissaire pour se débarrasser de certains amis de Bruno Gollnisch proches de l'Œuvre. »


Ancien député FN ayant lui aussi été exclu en 1989 pour cause de « double appartenance », Robert Spieler ajoute :
« Ce prétexte permet à Marine Le Pen à la fois d'écarter des personnages sulfureux et donc nuisibles à sa stratégie de dédiabolisation, et de se débarasser de certains amis de Bruno Gollnisch. »


Le numéro deux de Gollnisch dans la ligne de mire
A travers toutes ces attaques contre l'Œuvre française, un personnage se sent plus concerné que les autres. Et pour cause : longtemps considéré comme le dauphin de Pierre Sidos et aujourd'hui
très proche conseiller de Bruno Gollnisch, Yvan Benedetti reconnaît « se sentir visé ».
Il avait d'ailleurs déjà reçu un premier coup de semonce en janvier dernier lorsqu'à l'issue du congrès de Tours, Marine Le Pen l'avait ostensiblement écarté du
bureau politique.

Aujourd'hui, alors qu'il répète à qui veut l'entendre qu'il a quitté « l'Œuvre française en août 2010 », il déplore cette « chasse aux sorcières ». Il dit regretter le limogeage d'Alexandre Gabriac, « un militant exemplaire qui a toute son amitié ». « L'allégeance totale à Marine Le Pen ou la disparition »
L'exclusion de Benedetti serait « une ultime provocation à l'égard de Bruno Gollnisch » selon Carl Lang. Considérant que ce qui se passe dans la région Rhône-Alpes a une portée nationale.


« Les secrétaires départementaux savent désormais qu'ils ont le choix entre l'allégeance totale à Marine Le Pen ou la disparition. »


Chef de file des courants néo-païens et ancien professeur à Lyon-III, ce vieux bastion de l'extrême droite universitaire, Pierre Vial estime qu'en « s'attaquant à la fédération Rhône-Alpes, Marine Le Pen choisit de s'en prendre à l'un des derniers symboles de l'extrême droite historique ».







Le Parti de la France, signale que les portes sont ouvertes aux exclus du Front National








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