Son succès, Marine Le Pen le doit d’abord à sa capacité à imposer ses thèmes dans l’actualité médiatique. Mais paradoxalement, ces victoires trouvent leur origine dans le travail inlassable d’élément… extérieurs au Front national : les sites Polemia, François Desouche, la mouvance de la réinfosphère. C’est là que Marine Le Pen puise ses thèmes, ses informations et parfois, jusqu’à ses formules.
Officiellement, Marine Le Pen dispose d’un « think tank », le Club Idées Nation. Créé par Louis Aliot, vice-président du FN en charge du projet, ce club se veut « une boîte à outils et une boîte à idées dans lesquelles Marine » peut « piocher ». En réalité, la production de ce cercle, dont la composition est tenue secrète, est aussi mince que l’équipe qui le compose. Les nouvelles ressources qu’a réunies la présidente du FN n’y appartiennent pas, et leur apport se constate surtout à la qualité des communiqués de presse qu’elle signe.
Pour l’instant, Marine Le Pen continue de prendre un peu partout ses concepts, comme chez l’une de ses anciennes connaissances, Alain Soral, ex-membre du bureau national du FN. C’est le président d’Egalité & Réconciliation qui, le premier, a relevé les ravages de la loi de 1973, dite loi Rothschild-Pompidou-Giscard, interdisant à la France de souscrire des crédits auprès de la Banque de France. Une idée dont Marine Le Pen s’est emparée pour en faire un argument massue en attendant la finalisation de son programme économique.
Polémia ou Fdesouche comme sites de chevet
Mais la présidente du FN fait aussi et surtout son marché dans une mouvance en plein développement : la « réinfosphère », ce monde parallèle qui diffuse de la « réinformation », ces informations que l’on ne trouve pas dans les médias traditionnels, ou qui n’y tiennent qu’une place mineure. La dénonciation des affaires de mœurs de Frédéric Mitterrand et ses « vrais chiffres de l’immigration » en sont les deux exemples principaux. C’est grâce à la publication par Fdesouche.com d’extraits de La Mauvaise Vie de Frédéric Mitterrand que Marine Le Pen a découvert la vie scandaleuse du ministre de la Culture et, en direct sur le plateau de France 2, lui a donné l’audience que l’on sait, en faisant un scandale national.
Plus récemment, Marine Le Pen a fait sensation en « révélant » les « vrais chiffres » de l’immigration. C’était lors d’une conférence de presse exceptionnelle le 21 février dernier. « Les chiffres que je vais vous révéler, affirmait-elle, ne sont pas les chiffres du Front national mais les chiffres officiels du ministère de l’Intérieur. Ce sont des chiffres savamment cachés, érigés en secret d’Etat, des chiffres que des fonctionnaires républicains écœurés par les mensonges officiels et épouvantés par les éléments d’appréciation objectifs qui passent sous leurs yeux, nous ont transmis pour les faire connaître à l’opinion publique. »
En réalité, les chiffres qu’elle a livrés sont ceux qui étaient donnés, à quelques nuances près, par le site Polemia.com, émanation de la fondation Polémia de Jean-Yves Le Gallou, un mois plus tôt ! Quant à l’idée force de Marine Le Pen reprise par tous les médias : « Nicolas Sarkozy fait figure de champion d’Europe toutes catégories en matière d’immigration », c’était le titre, presque mot pour mot, d’un article paru une semaine avant sa conférence de presse sur le site Novopress.info.
Car Polémia, Novopress ou l’incontournable Fdesouche sont devenus des références en matière d’informations. L’idée de base de leurs concepteurs est simple : nous sommes dans une guerre totale dans laquelle l’information est une arme de premier plan.
Comme le définit Polemia, inventeur du concept de réinformation (qui a donné son nom au bulletin du même nom diffusé chaque matin sur Radio Courtoisie), la réinfosphère met « en lumière des faits qui autrement seraient occultés » empêchant ainsi « la connivence politico-médiatique de bien fonctionner ».
Cette fois, la copie a plus de poids que l’original
Marine Le Pen a parfaitement compris l’importance du travail abattu par les équipes de la réinfosphère, qui fonctionnent toutes sans aucun lien avec le Front national – voire sans grande sympathie pour lui – comme défricheurs ou comme éveilleurs. Et si elle s’en nourrit pour s’y fournir en angles d’attaques, son propre poids médiatique donne à la matière qu’elle y déniche l’audience que procure le relais télévisuel.
Jean-Marc Ayrault, chef de file des députés PS, n’a pas tout à fait tort quand il déclare que Marine Le Pen « dicte l’ordre du jour politique ». Il omet juste de remonter d’un cran dans l’origine de ses informations.
Cette fois, la copie a plus de poids que l’original
Marine Le Pen a parfaitement compris l’importance du travail abattu par les équipes de la réinfosphère, qui fonctionnent toutes sans aucun lien avec le Front national – voire sans grande sympathie pour lui – comme défricheurs ou comme éveilleurs. Et si elle s’en nourrit pour s’y fournir en angles d’attaques, son propre poids médiatique donne à la matière qu’elle y déniche l’audience que procure le relais télévisuel.
Jean-Marc Ayrault, chef de file des députés PS, n’a pas tout à fait tort quand il déclare que Marine Le Pen « dicte l’ordre du jour politique ». Il omet juste de remonter d’un cran dans l’origine de ses informations.
Sur les thèmes de l’immigration, l’insécurité, l’islam, la laïcité, le communautarisme, Marine Le Pen ne fait souvent que reprendre les informations données par le premier blog d’actualité politique en France, à savoir Fdesouche.
D’ailleurs, la benjamine des filles de Jean Marie Le Pen ne cache pas être une lectrice d’un blog fréquenté par 80 000 personnes par jour, et qui enregistre plus de connexions que tous les sites des partis politiques français. Et qui, fonctionnant grâce aux contributions de ses lecteurs, symbolise à lui tout seul la réussite de la réinfosphère.
A plusieurs reprises aussi, Marine Le Pen a repris des sujets, quand ce ne sont pas des formulations, lancés par Riposte laïque ou par le Bloc identitaire, comme sur le cas des prières de rues portées à la connaissance du public par l’Apéro Saucisson-Pinard à La Goutte d’Or qui avait été organisé par cette association et ce parti le 18 juin dernier.
D’ailleurs, la benjamine des filles de Jean Marie Le Pen ne cache pas être une lectrice d’un blog fréquenté par 80 000 personnes par jour, et qui enregistre plus de connexions que tous les sites des partis politiques français. Et qui, fonctionnant grâce aux contributions de ses lecteurs, symbolise à lui tout seul la réussite de la réinfosphère.
A plusieurs reprises aussi, Marine Le Pen a repris des sujets, quand ce ne sont pas des formulations, lancés par Riposte laïque ou par le Bloc identitaire, comme sur le cas des prières de rues portées à la connaissance du public par l’Apéro Saucisson-Pinard à La Goutte d’Or qui avait été organisé par cette association et ce parti le 18 juin dernier.
De même le FNJ, le Front national de la jeunesse, s’inspire-t-il, à la limite du plagiat, des visuels et slogans sortis des mois plus tôt (parfois des années) par les mouvements de jeunes identitaires.
Mais qu’importe. En politique, le copyright n’existe pas, a fortiori les droits d’auteur. Et Marine Le Pen a aujourd’hui la puissance de feu pour que la copie ait un poids politique bien plus élevé que les originaux.
Mais qu’importe. En politique, le copyright n’existe pas, a fortiori les droits d’auteur. Et Marine Le Pen a aujourd’hui la puissance de feu pour que la copie ait un poids politique bien plus élevé que les originaux.
Julien Roussel et Pierre Villedary
Texte extrait d’un dossier sur Marine Le Pen à paraître demain dans l’hebdomadaire Minute
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