Un Puydômois parmi
les dénonciateurs du système des kits de campagne du FN
La justice a achevé son
enquête sur le système élaboré par le Front national pour ses campagnes de
2012, critiqué par d'anciens candidats dénonçant factures gonflées et
gaspillage. Parmi eux, le Puydômois Dominique Morel, candidat FN aux dernières
législatives, aujourd'hui au Parti de la France.
Céline Pauilhac (avec
AFP)
Lors des législatives de
2012, Dominique Morel a dû jeter 60.000 de ses 90.000 tracts, arrivés trop
tardivement.
Au départ,
l'organisation paraît simple : Jeanne, le microparti de Marine Le Pen, propose
aux candidats frontistes aux législatives un prêt et leur vend un kit de
campagne.
Le prix ? 16.650 euros, plus environ 1.100 euros d'intérêts.
La
réalisation est confiée à Riwal, société prestataire du FN, dirigée par
Frédéric Chatillon, connu pour avoir dirigé le GUD.
Au menu, une campagne clés en main, uniformisée "bleu marine", personnalisée avec nom et photo : journaux de campagne, tracts etc.
Un service
bien pratique pour des novices, expliquent d'anciens candidats. Mais un caillou
a déréglé la machine, quand un frontiste s'est étonné auprès de la commission
des comptes de campagne (CNCCFP) d'être remboursé de ses frais électoraux,
alors qu'il n'avait rien signé.
L'État rembourse
Mais les pouvoirs de la
CNCCFP ne lui permettaient pas l'accès aux factures des sous-traitants.
Or, les
enquêteurs ont fait une découverte étonnante : Riwal a sous-traité au FN la
fabrication de milliers de tracts revendus à Jeanne, et in fine aux candidats.
Pour les juges, la prestation a coûté 83.000 euros au FN (prix des
photocopieurs compris), qui l'a pourtant facturée 412.000 euros à Riwal, selon
une source proche de l'enquête.
Un avocat de Riwal répond que le calcul oublie
les frais de main d'oeuvre."Évaluation bidon", s'agace
aussi le trésorier du FN, qui parle d'"une marge tout à fait
normale". Des soupçons de surfacturation portent aussi sur la
présidentielle de 2012.
Tracts à la "déchetterie"
Les enquêteurs doutent
de l'utilisation effective du matériel. Plusieurs candidats évoquent des envois
très tardifs de tracts.
Pour Dominique Morel, candidat du FN dans le
Puy-de-Dôme lors des législatives 2012, "les tracts sont arrivés 4
jours avant la clôture de la campagne du 1er tour". Résultat :
60.000 des 90.000 documents ont fini
" à la déchetterie ".
Rebelote lors du second tour des élections municipales 2014 :
J'ai reçu les affiches vendredi à 11h30 et la campagne était close à minuit", "
se souvient l'ancien para, aujourd'hui membre du Parti de la France.
Pour
Wallerand de Saint Just, tout cela est "un prétexte de mauvais
candidats qui n'ont pas distribué les tracts".
Il fustige des "assistés
totaux : on a tout fait pour eux, ils n'ont pas eu à sortir un seul
centime".
Dans cette architecture, Jeanne a joué un rôle crucial, en s'intercalant entre Riwal et les candidats.
Dans cette architecture, Jeanne a joué un rôle crucial, en s'intercalant entre Riwal et les candidats.
Or, les enquêteurs soupçonnent le microparti d'être une
coquille vide pour faire écran à Riwal et contourner l'interdiction de
financement par les entreprises.
"En réalité, l'avance des fonds est faite par
Riwal (...) Jeanne est un écran et une construction juridique
artificielle", a relevé François Logerot devant les juges, comptes
à l'appui.
Pour faire tenir ce système, Riwal a accordé un crédit fournisseur
de plus de 8 millions d'euros à Jeanne, un abus de bien social pour les juges.
Tandis que Jeanne est soupçonné d'avoir facturé aux candidats des intérêts
d'emprunts sur des prêts fictifs. Intérêts partiellement remboursés par l'Etat
au titre des frais de campagne.
Les juges devront décider s'ils renvoient ou non les protagonistes en procès.
Les juges devront décider s'ils renvoient ou non les protagonistes en procès.
source France 3 Auvergne
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire