Philippe
Simonnot : Le communautarisme
gay met en danger la République
Philippe Simonnot, pourquoi ce livre La rose et le brun, sur les relations ambiguës entre l’homosexualité
et le nazisme ?
le « mariage pour tous » en France m’a profondément
impressionné.
Ensuite, j’ai voulu donner une suite à Juifs et Allemands :
Préhistoire du génocide (Éd. PUF, 1999) où je posais
l’énigme
effroyable de ce pays, l’Allemagne, qui était un
nouvel Israël pour beaucoup de
Juifs Allemands, alors
qu’il était en train de devenir la Première Puissance
mondiale, avant d’aboutir à l’horreur que l’on connaît.
Ce revirement inouï
s’explique à mon sens par trois
facteurs :
1) l’arrivée massive des Juifs de
l’Est par centaines de
milliers fuyant les pogroms russes (ce qui a
profondément
déséquilibré la relation judéo-allemande ;
2) la Déclaration
Balfour (2 novembre 1917), qui annonçait
que le gouvernement de Sa Majesté
britannique voyait
d’un œil favorable l’implantation d’un foyer national juif
i
en Palestine, pour rallier les Juifs du monde entier du
côté des Alliés, alors
que le centre du sionisme
était à Berlin ; du même coup les Juifs
allemands sont
devenus des traîtres en puissance pour l’Empire
germanique ;
3)
la défaite allemande de la Première Guerre mondiale,
et le bouc émissaire tout
trouvé : les Juifs
Mais je n’avais pas épuisé le sujet – loin de là !
Il fallait
encore explorer la dimension sexuelle du
nazisme, et notamment sa dimension
homosexuelle.
Êtes-vous homosexuel vous-même ?
« Si vous vous étiez déclaré homosexuel, j’aurais publié
votre livre », s’est exclamé un éditeur qui a refusé le manuscrit. Je suis
anarchiste et donc contre toute censure a priori. Beaucoup d’homosexuels
prétendent monopoliser la parole sur l’homosexualité. Cela n’a pas de sens. Je
trouve d’ailleurs insensé de discourir sur ce sujet en tant qu’homosexuel ou en
tant qu’hétérosexuel. Aujourd’hui, avant de prendre la parole, on doit faire
l’aveu de sa sexualité. Nous sommes à une époque de confession publique
obligatoire.
Y aurait-il un rapport entre l’homosexualité et le
totalitarisme ?
L’homosexualité peut y conduire. Parce qu’elle est le culte
du même, la négation de la femme, de l’altérité, de la reproduction… culte qui
avait été porté par les mouvements de jeunesses allemands comme le Wandervogel
(« oiseau migrateur »), et qui a ensuite été repris par les Jeunesses
hitleriennes. L’homosexualité conduit aussi à un antisémitisme virulent à cause
de l’interdit biblique pesant sur « l’abomination de l’abomination »,
c’est-à-dire la sodomie. Elle conduit aussi à un antichristianisme tout aussi
violent à une époque où les chrétiens respectent l’interdit biblique. Ce que je
trouve inquiétant dans la situation d’aujourd’hui, c’est la négation
progressive de la sacralité et de l’unicité de la personne humaine. Le critère
pour échapper au totalitarisme, c’est bien la reconnaissance de la valeur
absolue de chaque être humain.
Hitler était-il homosexuel ?
Sur la sexualité d’Hitler, je ne me prononce pas. C’était
sans doute un pervers, au sens freudien du terme, mais je ne vais pas au-delà.
En tout cas, Il était capable d’exploiter les faiblesses des autres, notamment
sur le plan sexuel même s’il était permissif en matière de mœurs.
Aurait-il pu être qualifié de « gay friendly »
comme on dirait aujourd’hui ?
Jusqu’en juin 1934 et la Nuit des Longs Couteaux,
certainement ! Hitler a même soutenu Ernst Rohm quand il était attaqué par la
gauche pour ses mœurs homosexuelles affichées. Wilhelm Reich, le prophète de la
« révolution sexuelle », qui a conduit en France à Mai 68, s’est
complètement trompé en faisant du nazisme un produit de la répression sexuelle.
Au contraire, comme l’a très bien vu Herbert Marcuse à l’époque, la
libéralisation sexuelle fut un des moteurs du nazisme.
L’incarnation de cette symbiose entre homosexualité
et nazisme, serait-ce Ernst Röhm, le chef homosexuel des Sections d’Assaut ?
Pour beaucoup de nazis, La véritable révolution, c’était lui.
Il est étonnant que les homosexuels du monde entier n’en aient jamais fait, à
l’instar des néo-nazis, un martyr de leur cause. Car il fut assassiné par
Hitler parce qu’homosexuel. Il n’existe pas de biographie de Röhm digne de ce
nom. Et pourtant, c’est un personnage central de cette tragédie. Pour certains
néo-nazis d’aujourd’hui, Hitler a trahi le nazisme en assassinant Röhm, qui,
lui, était vraiment national-socialiste.
L’article 175 du code pénal allemand , hérité de la
Prusse était très sévère pour les homosexuels…
C’est comme la prohibition de l’alcool : ça multiplie les
alcooliques ! L’article 175 a développé tout un marché de la délation, du
chantage, et toute une réflexion sur la nature et les causes de
l’homosexualité. L’essayiste allemand Hans Blüher, totalement ignoré en
France,a eu le coup de génie de faire de l’homo-érotisme une théorie de l’État.
Ça a marché puisqu’il est venu combler une faille de la pensée libérale,
incapable de fonder l’Etat. Hitler s’est servi de cette théorie pour instituer
le Troisième Reich.
Ne craignez-vous pas qu’un tel livre vous donne une
réputation de « dangereux homophobe d’extrême droite » ?
Il remet en cause le néo-paganisme. Il est donc
très mal accueilli par toute la frange de l’extrême droite païenne, de plus en
plus puissante. J’ai été chroniqueur au Monde pendant 15 ans : je vois mal comment on
pourrait me qualifier d’extrême droite ! Je suis libertarien, et économiquement
parlant anarcho-libéral. Je trouve que le programme économique de Marine Le Pen
est une folie furieuse : elle fait du national-socialisme, quand Mélenchon se
contente de faire du socialisme populiste. Le mélange du nationalisme et du
socialisme est une recette miracle; ça marche ! L’économiste que je suis est en
faveur du rétablissement de l’étalon or, donc vraiment à l’opposé de la pensée
d’une économie surveillée par l’Etat. Hitler était opposé à l’étalon. Or les
démocraties de la planche à billets le sont aussi, et ce n’est pas un hasard.
Quelles leçons pour la France d’aujourd’hui ?
Avec le mariage gay, Hollande a perdu une partie du vote
musulman qui l’avait porté au pouvoir. Car l’homosexualité est l’un des
arguments majeurs de l’islam contre les « mécréants ». Le « triomphe » légal
actuel de l’homosexualité donne par conséquent du grain à moudre à l’islamisme.
On est dans une démocratie, et le droit est en train de
dériver vers n’importe quoi. On a une Constitution… mais qui garde la
Constitution ? « Quis custodiet ipsos custodes? » écrivait Juvénal. Quel
gardien va garder le gardien ? Et si l’on trouve ce gardien, qui le gardera ?
Le danger que nous fait courir cette revendication
identitaire multiple, c’est qu’on accorde le droit à celui qui remporte la
majorité du moment. Or, on ne peut pas se régler sur celui qui est le plus
fort, car la force est toujours relative et temporaire et Il faut trouver des
principes intangibles du droit, les « lois non écrites » comme disait
Antigone. Dans cette situation, le terrain est propice à l’arrivée d’une guerre
civile entre ceux qui profitent du système et les outsiders, les exclus, les
chômeurs des banlieues, les musulmans, les paysans. Le communautarisme du même
avec le même est mortifère et met en danger la République. La guerre civile a
déjà commencé.
Entretien initialement paru dans l’hebdomadaire France catholique.
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