mercredi 9 novembre 2011

Quand Marine Le Pen fustigeait le halal au conseil régional

Un élu (FN) leader de la viande halal dans la région, ce n'est pas contradictoire, expliquaient la semaine dernière les cadres du Front national.
En 2010, Marine Le Pen assurait l'inverse en commission permanente du conseil régional.Paul Lamoitier, élu FN et doyen du conseil régional, est à la tête d'une agence commerciale dans le secteur de la viande. Dans ce cadre, il est l'un des leaders du marché « halal » de la région, fournissant chaque année une trentaine de tonnes de volailles portant le sceau de la Grande mosquée de Paris (notre édition du 4 novembre).L'information a été révélée par le journaliste Jean-Baptiste Malet, dans Derrière les lignes du Front (éd. Golias) et reprise ensuite dans la presse. Paul Lamoitier a très vite été sommé de se taire par les cadres du FN, qui ont pris en charge l'explication de texte. D'une part, les pontes du front se sont étonnés que l'on pose le paradoxe entre une fonction élective au Front national et une place de leader de la viande halal. Ensuite, il s'agissait pour eux de marquer la différence entre Paul Lamoitier, qui ne fait que « répondre à la demande » et le Quick halal, très critiqué par Marine Le Pen, mais parce que dans ce cas « les clients n'avaient pas le choix ».
« Participer à la ghettoïsation »Sauf que les propos de Marine Le Pen, tenus lors d'une commission permanente du conseil régional le 8 novembre 2010, ajoutent encore au sentiment de « paradoxe ». Ce jour-là, le conseil régional est saisi par la communauté d'Hénin-Carvin, qui lui demande d'accorder une subvention à une boucherie halal. L'entreprise sollicite des fonds publics au nom de l'aide au développement économique.Pour Marine Le Pen, cette demande de subvention « pose un problème de fond : le problème de la violation de la loi de 1905 » . Pour elle, si le conseil régional accordait une aide financière à cette entreprise - « dont on voit bien qu'elle a vocation à s'adresser à une clientèle qui est, sinon exclusivement, quasiment dans une immense majorité d'une seule confession religieuse », précise la patronne du FN - cela reviendrait à « participer à une discrimination à l'embauche » et à contribuer au « financement religieux par l'intermédiaire d'un financement public ». Et Marine Le Pen d'ajouter que financer cette entreprise reviendrait pour le conseil régional à « accepter une société qui perd son unité autour des valeurs républicaines » et à « participer à la ghettoïsation, (...) à une société qui se fracture ». Le groupe FN au conseil régional, dont est membre Paul Lamoitier, patron d'une agence commerciale intervenant notamment dans le secteur halal, a donc voté contre cette délibération...Abdelkader Aoussedj, porte-parole de la Grande mosquée de Paris, pointe lui aussi la contradiction entre le discours de 2010 et la situation professionnelle de l'élu frontiste. Mais plutôt que de manier l'invective, ce représentant des musulmans de la région s'amuse - un peu - de la situation : « Marine Le Pen devrait cesser ses attaques contres les musulmans, qu'elle accuse de tous les maux. Elle devrait apprendre de ses élus la manière de travailler avec tout le monde ».

MATHIEU MILLECAMPS
Publié le mercredi 09 novembre 2011 NORD ECLAIR Métropole

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